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Les conséquences et la lutte contre l'obésité

1. Les conséquences économiques, sociologiques et psychologiques

      a) Conséquences économiques:

 

 

   L'obésité est une maladie chronique liée aux comportements et à l'environnement, elle soulève des questions fondamentales sur les relations économie-santé. L'obésité a un coût économique provenant de l'accroissement des dépenses médicales induites et d'une plus faible productivité au travail. Selon un rapport de l'Organisation Internationale du Travail (OIT): "Les études ont montré que le risque d'absentéisme est deux fois plus élevé chez les travailleurs obèses que chez les travailleurs sains. L'obésité représente 2 à 7% des dépenses totales de santé dans les pays industrialisés. Aux États-Unis, le coût occasionné par l'obésité est estimé à 99,2 milliard de dollars". Aux États-Unis, 16% du budget de la santé serait consacré aux maladies en rapport avec l'obésité (le diabète qui demeure, pour 80% des cas, une conséquence de l'obésité). Les personnes victimes de cette maladie représentent un nombre important d'arrêt de travail à cause de leur fragilité ainsi que la durée des arrêts peuvent entraîner des dépenses importantes dans une société. Les frais de séjours hospitaliers sont importants par leur fréquence et leur arrêt. Environ 4,4 millions d'euros sont prévus sur le programme de santé publique du ministère chargé de la santé pour le financement des actions préalablement engagées et le développement de nouveaux projets. Par exemple, la réalisation de nouvelles infrastructures dans la recherche ou de traitements de l'obésité. 10,9 millions d'euros sont alloués à l'Institut National de Prévention et d'Éducation pour la Santé. En 2000, les dépenses de soins liées à l'obésité dépassaient les 75 milliards de dollars. Plus récemment, elles représenteraient 15 à 32 milliards d'euros soit 0,3% du PIB. Les dépenses de santé liées à l'obésité atteignent 2,6 milliards d'euros et pour l'assurance maladie 2,1 milliards. La consommation moyenne de soins et de biens médicaux d'une personne obèse s'élèverait à environ 2500 euros soit le double de celle d'un individu non obèse.

Voici, les principales conséquences de l'obésité sur la vie d'une personne. Nous remarquons que, les dépenses de santé augmentent de 25%, tandis que les revenus baissent de 18% et l'espérance de vie est de 10 ans inférieure à celle d'une personne normalement constituée.

   b) Conséquences sociologiques:

 

L'obésité est un handicap social et culturel quotidien. En 2008, le président de la Haute Autorité de Santé (HAS) s'inquiète: "Seuls les pays qui auront su maîtriser l'épidémie d'obésité pourront préserver leur système de protection sociale". L'obésité est confrontée à des discriminations, des rejets au sein de groupes scolaires, sportifs ou professionnels. En effet, les obèses sont très mal perçus: ils apparaissent comme laids, sans volonté, responsables de leur excès de poids. C'est ce qu'on appelle la "grossophobie". Cette discrimination est présente au travail tout comme à l'école, les adolescents ont donc du mal à se construire et à s'intégrer dans un groupe d'amis.

Témoignages

Dans le milieu scolaire

Dans le milieu scolaire

La discrimination commence dès le plus jeune âge. A l'école, les enfants plus ronds sont régulièrement malmenés tant par les autres élèves que par les professeurs. Ils sont souvent taxés de minables, idiots, paresseux et deviennent des compagnons de jeu peu désirables, portant pendant longtemps le poids des surnoms: "Gros plein de soupe", "Baleine", "Sac à patates",...

Dans la vie professionnelle

Dans la vie professionnelle

Lors de la recherche d'un emploi, la discrimination est régulièrement vécue par les personnes en surpoids. Les pratiques d'embauche semblent inéquitables. Ainsi, "sur le marché de l'emploi, un chômeur en surpoids est aussi pénalisé qu'un immigré". Mais les injustices auxquelles les gros doivent faire face dans le monde du travail ne s'arrêtent pas là: salaires inférieurs à ceux des employés "normaux", possibilités de promotion réduites, victimes de harcèlement moral et des licenciements abusifs.

Dans le cercle familial

Dans le cercle familial

Certaines personnes en surpoids peuvent être victimes d'injustices de la part de leurs proches et des membres de leur famille. Parmi les plus courantes, on retrouve les moqueries entre frères et sœurs, reproches et critiques des parents, surnoms ridicules (Bouboule, Bouli, Boulette...), mises à l'écart et traitements différents (privé de dessert, de bonbons, activité physique imposée, pesée régulière), etc.

Dans le milieu médical

Dans le milieu médical

Les personnes en surpoids se disent souvent victimes de discriminations dans le domaine médical. Le personnel médical semble en effet adhérer à des stéréotypes négatifs, considérant les patients en surpoids comme moins honnêtes, peu intelligents, manquant de volonté, incapables d'autodiscipline... Leur poids est souvent mis en cause comme étant à l'origine de tous leurs problèmes de santé. "Des recherches indiquent même que les soignants raccourcissent le temps de consultation avec les obèses".

Dans les relations sociales

Dans les relations sociales

Les amis peuvent eux aussi se montrer blessants (même s'ils n'en ont pas toujours l'intention): critiques et plaisanteries sur les gros, taquineries, usage de surnoms dévalorisants, etc. La corpulence peut également être un obstacle dans les rencontres amoureuses. Si l'apparence physique n'est pas le seul critère pour plaire, des kilos superflus sont généralement considérés comme peu séduisants.

Dans la vie en société

Dans la vie en société

Des traitements différenciés à l'égard des personnes en surpoids peuvent également avoir lieu dans le domaine des assurances, des transports en commun (reproches liés à la place occupée et jugée excessive, dimensions du matériel peu adaptées aux silhouettes larges), ou encore dans les magasins de vêtements (taille des vêtements standardisées, regards et mots dénigrants des vendeurs, choix limité de magasins grandes tailles), etc.

Dans certaines professions, il est difficile d'obtenir une embauche pour un obèse, à qualification égale. À travers son étude, Jean-François Amadieu* tente de nous montrer qu'un individu en surcharge pondérale ou obèse possède moins de chance d'obtenir un emploi qu'un autre. Pour cela, il envoie des CV presque identiques à 200 offres d'emploi de commercial. À travers ces 200 offres, 100 sont envoyées avec un CV d'une personne obèse et 100 avec un CV d'une personne saine. 

 

Observons les résultats:

Ce tableau montre bien que les personnes atteintes d'obésité sont discriminées par rapport aux autres.

 

Les conséquences sociales de l'obésité peuvent être gênantes et difficiles à vivre. Les jeunes obèses ne se contruisent pas comme les autres enfants et se dégradent au fil du temps. Mais le fait de prendre du poids pendant une période difficile n'aide pas les gens à sortir de leur solitude mais les font s'enliser et les conduits à une désocialisation. Cet isolement est causé par un rejet social lié à des problèmes psychologiques.

     c) Conséquences psychologiques:

 

L’obésité entraîne des conséquences psychologiques aussi bien chez les enfants que chez les adultes. Cela peut engendrer une dépression, mal-être, complexes, inhibition, rejet de son corps et de sa propre personnalité. Les obèses ressentent un sentiment d’exclusion et d’incompréhension dû à l’intolérance sociale et médicale qui entoure l’obésité, des états dépressifs dûs à des régimes trop restrictifs ou à des échecs thérapeutiques répétés. De la même façon, l'obésité peut entraîner des arrêts de travail pour raisons médicales, des difficultés à l'embauche, une moindre rémunération et une altérance de la qualité de vie. La dépression a tendance à favoriser l’obésité, quand ils ont tendance à déprimer ils ont plus de difficultés à perdre du poids. Ces discriminations et cette mise à l’écart pâtit également de sa condition dans sa vie amoureuse. Selon une étude présentée à la Conférence international sur l’obésité d’Amsterdam en 2009, « Les hommes obèses à 18 ans ont quasiment 50% de chances en moins d’être mariés à l’âge de 30 ou 40 ans ».

 

L’obésité a des conséquences psychologiques plus visibles chez les femmes que chez les hommes. En effet, les femmes à forte corpulence sont particulièrement victimes de ces comportements et de discriminations à l’embauche. Les tests par envoi de CV de l’observatoire des discriminations ont montré ce phénomène, qui est confirmé par les sondages disponibles de la Sofres, en particulier. Selon l’universitaire Jean-François Amadieu, cette stigmatisation des personnes obèses ou en surpoids s’apparente à une tyrannie de la minceur. Les discriminations par rapport à l’obésité sont très répandues, par exemples : dans les transports avec l’obligation faite aux personnes obèses de payer deux sièges sur beaucoup de compagnies aériennes ou même sur certaines chaînes de télévision qui proposent de mettre en scène des émissions ayant pour but de se moquer des obèses. Une émission diffusée durant l’été 2005 par Tf1 nous a permis d’observer un homme obèse qui serait l'improbable fiancé d’une jeune fille. Ce genre d’émission montre bien à quel point les obèses sont des cibles de discrimination.

 

Des facteurs génétiques peuvent favoriser la prise de poids et se conjuguent à des facteurs psychologiques et culturels, qui rendent la lutte contre l’obésité encore plus difficile.

La  stigmatisation* des obèses peut devenir un véritable cercle vicieux, lorsque l'obèse accepte et considère comme justifiés les traitements discriminatoires qu'il subit et les préjudices dont il est victime.

Depuis le simple achat d'une place d'avion ou de cinéma, jusqu'au poids du regard esthétique qui pèse sur lui, l'obèse est dévalorisé, marginalisé*, mise au ban de la société. 

Perte d'estime de soi, honte, culpabilité, sentiment d'infériorité sont les conséquences les plus fréquentes. Les comportements discriminants amplifient également le ressenti négatif que les personnes rondes ont souvent d'elles-mêmes. Elles finissent ainsi parfois par éprouver une totale insatisfaction de leur corps et par rejeter totalement leur propre image. Beaucoup d'entre elles traversent d'ailleurs, au cours de leur vie, une ou plusieurs phases de dépression et ont davantage d'idées suicidaires.

2.  Comment les acteurs politiques et médicaux interviennent dans la lutte contre l'obésité ?

L'obésité est un problème qui se traite sur le moyen et le long terme, avec un suivi médical voire psychologique. Il faut prévoir un dépistage précoce: il passe par la surveillance de la croissance des nourrissons et des enfants selon des courbes de référence représentant, pour chaque sexe, les valeurs d'Indice de Masse Corporelle (IMC) en fonction de l'âge, le suivi du poids et l'évaluation diététique chez les adultes. Il faut respecter des rythmes alimentaires: petit déjeuner suffisant, déjeuner équilibré, dîner pas trop abondant. Il faut éviter les prises alimentaires (grignotages) hors des repas. À l'école, le plan d'imposer l'équilibre des repas dans les cantines scolaires, d'ajouter des cours de cuisine et des leçons sur la nutrition ainsi que d'augmenter l'activité physique. Notre mode de vie est à l'origine de la sédentarité, le manque d'activité physique et trop de temps passé devant la télévision avec une alimentation souvent trop riche en graisse. 

 

En France, une politique nutritionnelle de santé publique a été initiée avec le premier "Programme National Nutrition Santé" de 2001 à 2005 appelé PNNS1, ayant pour objectifs: 5 fruits et légumes et 30 minutes d'activité physique par jour, de nombreuses mesures ont été mises en oeuvres, par exemple: le 9 août 2004, une loi de santé publique régule la publicité pour les produits alimentaires et interdit les distributeurs automatiques dans les écoles, des campagnes d'informations, veilles sanitaires, amélioration de la prise en charge... Le PNNS2 est doté d'un budget doublé pour 2007. Les objectifs sont: améliorer le dépistage et la prise en charge, réduire de 20% le surpoids, augmenter de 25% l'activité physique... Le 16 novembre 2006, une chartre historique sur la lutte contre l'obésité est signée par les États membres de la région Europe. On remarque un léger fléchissement dans la progression de l'obésité. En encourageant les enfants à goûter de façon répétée des fruits et des légumes, le programme les aides à apprécier et à changer durablement leurs habitudes alimentaires. Deux ans et demi après la fin du progamme, les enfants mangent deux fois plus de fruits et de légumes.

 

 

Une journée européenne de l'obésité existe depuis 2010. Elle s'adresse à tous les publics et propose comme mot d'ordre 2013 "Stop aux diktats".

 

Les 192 états membres de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) ont adoptés en 2013, une résolution visant à lutter plus efficacement contre les maladies non transmissibles et faire reculer le nombre de décès causés par l'obésité. Parmi les mesures concrètes proposées, on retrouve l'amélioration de l'étiquetage dit "nutritionnel" sur les aliments issus de l'industrie agroalimentaire, la diminution de la teneur en sucre dans les boissons non alcoolisées, la réduction drastique des teneurs en sel dans les plats préparés et l'abandon des acides gras utilisés dans l'industrie agroalimentaire. Il y a une création d'une taxe spéciale sur les produits jugés néfastes pour la santé. Certaines publicités connues comme "manger au moins 5 fruits et légumes par jour" ou bien "Évitez de manger trop gras, trop sucré, trop salé" donnent les conseils pour éviter et lutter contre l'obésité. L'OMS recommande l'interdiction pure et simple de la publicité pour ces produits où les enfants sont susceptibles d'être devant la télévision.

(Source: Google images, La journée européenne de l'obésité)

La Première Dame des États-Unis, Michelle Obama, est depuis début 2010 la championne de la lutte contre l'obésité infantile, multipliant les initiatives pour lesquelles elle n'hésite pas à apparaître à la télévision en train de danser ou faire des pompes.

Michelle Obama milite contre l'obésité durant les Let's Move-London en 2012.

 

(Source : http://www.20minutes.fr/monde/1222291-20130912-20130912-michelle-obama-appelle-americains-a-boire-plus-eau-lutter-contre-obesite)

Le parcours de Maiko Ressiguie

 

"J'ai perdu 200 kilos", le livre poignant d'une Villeneuvoise paru en juin 2014.

 

Maiko Ressiguie a pesé jusqu'à 300 kilos. Une lente descente aux enfers de la boulimie, un besoin de remplir ses plaies par la nourriture. Grâce à sa petite fille, elle prend conscience de son état. Elle a perdu plus de 200 kilos et témoigne pour tous les obèses.

 

Maiko Ressiguie a 64 ans. Elle sort d'une lente renaissance. Dix-huit ans d'efforts, de régimes amaigrissants en cliniques spécialisées pour perdre 200 kilos. Car elle a pesé jusqu'à 300 kilos.

 

 

 

"Comment ? quand on s'oublie, quand on n'a pas la vie

qu'on veut, quand on a manqué de perfusions d'amour"

 

 

Avec ses mots teintés d'humour, Maiko raconte. Son enfance malheureuse dans une famille nombreuse, une adolescence brisée par un homme violent, sa vie de femme battue.

 

 

"Quand on est mal aimée, aimée par la mauvaise personne, on devient amnésique du cerveau, on ne réalise pas que notre corps part dans cette débandade. "

 

 

 

Elle finit par perdre son emploi de standardiste dans une clinique. Elle prend alors 100 kilos en deux ans.

 

 

"Quand on est obèse, on n'a pas le droit de nous mettre dans un rang de gens qui sont tordus, bossus. Ce n'est pas normal. On est des individus. on a le droit de vivre"

 

Isolée, elle continue à s'enfoncer dans cet univers qui ne lui laisse pas de place.

 

 

« Cette nuit, comme toutes les autres, je mange ; je mange à ne plus pouvoir bouger, à ne plus pouvoir respirer; je mange pour oublier, tout oublier. Ma vie, les autres, ma détresse. Je me dégoûte. Assise par terre à même le béton, j’attaque une boîte de cassoulet d’un kilo. Il est froid, mais peu importe. Tout ce qui compte c’est que je me remplisse pour essayer de calmer cette douleur. »

 

 

Et puis un jour, elle a le déclic. Elle se penche pour prendre sa petite fille dans ses bras. Son ventre l'en empêche. Elle appelle alors son médecin traitant.

 

 

"Tu fais ce que tu veux de moi. Tu me mets dans un cachot au pain sec et à l'eau. Il faut que je maigrisse pour la petite "

 

 

Elle réussit à perdre plus de 200 kilos et n'entend pas en rester là. Aujourd'hui, elle livre un témoignage qui se veut un espoir pour tous les obèses.

 

 

 

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